Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/288

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corps n’est sans le sang, ni le sang sans le corps (De consec, d. ii). Nous avons découvert que, de même que ni l’un ni l’autre n’est sans ame, ainsi sous la forme du pain le sang existe dans le corps par le changement du pain au corps, et vice versa. Non que le pain, c’est-à-dire le corps, soit changé au sang ou le vin au corps ; mais ni l’un ni l’autre ne peuvent exister sans leur complément. On parlera bientôt de cela.

XLIV. Mais on demande ce que démontra le Christ quand il dit : Hoc est corpus meum, « Ceci est mon corps. » Par le pronom hoc, il ne paraît pas qu’il ait entendu parler du pain, parce que le pain n’était pas le corps du Christ, ni même un corps, puisqu’il n’avait pas encore prononcé ces paroles par la vertu desquelles il changea le pain en son corps. Touchant ce pronom hoc, quelques-uns prétendent qu’il ne démontre rien, mais qu’il se trouve placé là matériellement. Mais, d’après cela, comment la transsubstantiation s’opérerait-elle) au moyen d’un mot qui ne signifie rien ? Outre cela, le Seigneur se servait de ce mot d’une manière significative, et pour nous ce serait un mot insignifiant et matériel ! Donc, nous ne faisons pas ce que le Christ lui-même fit. D’autres disent que telle a été la vertu donnée à ces mêmes paroles, qu’au moment où elles sont prononcées la transsubstantiation s’opère. Ainsi, c’est pour cela que le prêtre ne les profère pas d’une manière significative, parce qu’il ne pourrait les proférer ainsi. Il mentirait, s’il ne disait : « Ceci est mon corps. » Mais celui-là se tire facilement du filet de la question précitée qui dit que le Christ consacra alors qu’il bénit, ce dont on a parlé au mot Benedixit. Car, si on objecte que le prêtre consacre alors qu’il prononce ces paroles, on répondra que le prêtre ne démontre rien, puisque le prêtre ne se sert pas de ces paroles d’une manière énonciative, mais d’une manière récitative, comme il fait quand il dit : Ego vitis vera, ego lux mundi ; « Je suis la vraie vigne, je suis la lumière du monde, » et d’autres passages innombrables où revient cette formule.