Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/365

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par laquelle nous repoussons la paresse et l’ennui du bien ; par laquelle aussi nous serons rassasiés d’une abondante justice dans la vie future, d’après cette parole de l’Évangéliste : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés. »

XIII. Saint Mathieu dit : Panem nostrum supersuhstantialem, « Notre pain supersubstantiel ; » ce qui peut être entendu de deux manières, ou bien d’après ce sens unique : « Donne-nous notre pain supersubstantiel, » c’est-à-dire le Christ, qui est supersubstantiel ou au-dessus de la substance créée, qui est le pain sur l’autel ; ou bien, dans un sens double, comme si l’on disait : « Donne-nous notre pain supersubstantiel, » c’est-à-dire le Christ, qui est la nourriture propre des fidèles, et cela outre le pain, c’est-à-dire outre le pain substantiel, le pain nécessaire à notre alimentation ; comme si nous disions : « Donne-nous tout à la fois le pain de l’ame et le pain du corps. » Saint Luc dit : Panem nostrum quotidianum, ce qui peut être entendu tant du pain corporel que du pain sacramentel, c’est-à-dire du viatique. Les Grecs disent epiousion, ce qu’on rend par super-substantiel (De consec., dist. ii, De calice, in fin.). Les Hébreux disent segola, ce que l’on interprète par illustre, particulier, spécial. C’est peut-être pour cette raison que saint Luc, voyant saint Mathieu se servir de l’expression segola, qui signifie spécial, a dit quotidien. Or, l’interprète grec de saint Mathieu, voyant qu’il s’était servi de l’expression segola, qui signifie choisi, illustre, l’a traduit par epiousion, c’est-à-dire supersubstantiel.

XIV. Fiat voluntas tua, « Que ta volonté se fasse. » Par ces paroles nous demandons à Dieu de le servir sur la terre sans péché grave, comme les anges et tous les saints, qui le servent dans l’état d’innocence. La volonté de Dieu s’entend de deux manières, à savoir : le bon plaisir éternel de Dieu, et la marque de son bon plaisir temporel. Le bon plaisir éternel de Dieu s’accomplit toujours ; de là ces paroles : « Qui résistera à la volonté de Dieu ? » et : « Tout ce que le Seigneur a voulu, il l’a