Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

délivrer. Cette oraison Libera nos se récite en silence, comme on l’a dit au chapitre du Pater noster, à ces mots : Oremus, prœceptis. Ce silence signifie le samedi, où le corps du Seigneur reposa dans le sépulcre ; car ce jour-là personne ne prêcha la foi. D’où saint Luc atteste que les femmes qui avaient préparé des parfums gardèrent le silence le samedi, suivant la prescription de la loi. Le Christ, cependant, ne garda pas le silence. Bien plus, lui qui, selon la chair, reposa dans le sépulcre, descendit en ame aux enfers, afin qu’y arrivant il s’y montrât plus fort que le fort armé et le vainquît. Pour symboliser cette action du Christ, l’Eglise romaine, ainsi que l’Eglise de Milan, prononcent toujours cette oraison à haute voix le Vendredi saint. Et alors il mordit l’enfer, en retirant ses captifs vaincus du lac sans eau ; en les délivrant des maux présents, passés et futurs, et en leur donnant une paix perpétuelle, dont ils jouissent toujours, libres du péché et à l’abri de toute perturbation. C’est pourquoi le prêtre demande à être tiré de ce lac, lui et toute l’Église, en disant : Libera nos, « Délivre nous. »

IV. Et, comme nous ne méritons pas d’obtenir le pardon de nos prévarications passées, présentes et à venir, à moins qu’il ne nous soit accordé par l’intercession de la bienheureuse Vierge, des bienheureux Pierre, Paul et André et des autres saints, c’est pour cela qu’en cet endroit nous invoquons leur patronage. Pour obtenir donc la grâce de la paix, on implore la mère de Salomon, c’est-à-dire de l’homme pacifique ; saint Michel, messager de paix, et saint Jean-Baptiste, hérault de paix, et les trois apôtres témoins de la paix, et on n’en invoque pas davantage, parce que toute parole est croyable sur l’attestation de deux ou trois témoins. D’abord, nous avons demandè à être délivrés du mal ; maintenant nous prions pour la paix. Quoique tous les apôtres aient été énumérés plus haut, à cause de l’autorité de l’apostolat, cependant dans cette oraison, qui désigne les trois jours que le Seigneur passa dans le sépulcre,