Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/402

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diacre et au sous-diacre, insinuant ce que saint Luc rappelle, que le Christ à Emmaüs prit du pain et le rompit sur la table. Le Christ aussi, dans cette circonstance, comme quelques-uns le disent, mangea devant les deux disciples, et, prenant le reste, il le leur donna. Il prit encore dans la suite un morceau de poisson grillé et un rayon de miel, et donna le reste à ses disciples. C’est pourquoi, après que le diacre et le sous-diacre ont communié, les clercs et les religieux s’approchent pour communier, afin de recevoir eux-mêmes une partie de la sainte communion. Ensuite le peuple communie, parce que le Christ ne mangea pas seulement avec un petit nombre d’apôtres ; mais, sur le point de monter au ciel, il mangea avec une multitude de disciples, d’où vient que la manducation du corps signifie l’ascension du Sauveur.

IV. Or, nous ne devons point passer sous silence ce qui se fait, pour qu’il n’y ait pas l’ombre de la supercherie dans la réception du corps et du sang du Christ, mais pour que dans l’une et l’autre réception la vérité brille dans toute son évidence. Le souverain-pontife ne laisse pas aussitôt tomber la particule de l’hostie dans le calice ; mais, après avoir fait dessus un triple signe de croix, il la place sur la patène et, après le baiser de paix, montant à son siège et s’y arrêtant, à la vue de tous il prend la plus grande partie, de l’hostie de la patène apportée de l’autel par le sous-diacre, et, la subdivisant avec ses dents, il en prend une partie et met l’autre dans le calice ; puis il suce une partie du sang avec un chalumeau[1]

  1. On trouve dans les auteurs liturgistes et anciens Sacramentaires ou Missels divers noms pour signifier l’instrument d’or ou d’argent qu’on insérait dans le calice pour boire le précieux sang. Le plus ordinaire est celui de calamus (dont se sert Durand) ; on le trouve aussi désigné sous les noms de fistula, cannula, sipho, pipa et pugillaris. Bocquillot (Traité hist. de la Liturgie sacrée), décrit ainsi le chalumeau eucharistique dont on se servait pour la communion sous l’espèce du vin. « Le bout que l’on trempait dans le calice était large et convexe ou fait en bouton, et l’autre bout, qui se mettait dans la bouche, était plus petit et tout uni. On le tenait enfermé dans un petit sac de toile ou d’étoffe fait exprès... Après que le prêtre avait pris le corps du Seigneur