Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/71

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sur la grande et vaste mer de ce monde, de manière à aborder à la céleste patrie. D’où vient qu’on lit dans les Proverbes ces paroles touchant la femme forte : « Elle est comme le vaisseau d’un marchand qui apporte son pain de loin. » L’encensoir peut encore figurer le cœur de l’homme ; le feu, la ferveur de la dévotion ; l’encens, les prières que l’ange porte à Dieu. Les vaisseaux (vascula) qui reçoivent le feu, ce sont les enfants qui imitent le cœur de leur père par la piété et la bonté, et qui s’efforcent d’attirer dans leurs âmes la flamme du sacrifice céleste qu’ils aperçoivent dans l’ame de leur prochain. Les instruments dont on se sert pour porter le feu à l’autel, ce sont les prédicateurs qui, par les exemples des saints, propagent le feu de la charité et portent dans les cœurs des fidèles les sentiments qui les leur font considérer comme un père regarde ses fils. On dira ce que signifie l’encensoir au chapitre de l’Encensement de l’autel.


CHAPITRE IX.


LE PRÊTRE BAISE L’AUTEL ET LE LIVRE.


I. Après avoir mis l’encens dans l’encensoir, le prêtre ou l’évêque, ayant dit Deus tu conversus, etc., baise l’autel consacré, pour marquer l’accord avec les Juifs et pour indiquer que le Christ, en venant à nous, s’est uni la sainte Église, selon cette parole du divin épithalame : « Qu’il me donne un baiser de sa bouche. » En effet, dans le baiser la bouche s’unit à la bouche, et dans le Christ non-seulement l’humanité est unie à la divinité, mais l’épouse est étroitement liée à l’époux, selon cette parole du Prophète : « Il m’a ornée d’une couronne comme une fiancée, et, comme elle, il m’a parée de colliers. » Quand le verset prophétique de l’introït est entonné par le