Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/98

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tranchés. » Cependant l’Eglise, reprenant espoir, dit : « Vivant ; » supplée : Vivant maintenant sous ta protection, c’est-à-dire plus tard, dans le repos à venir ; « il confessera lui-même ton nom, comme je le fais aujourd’hui ; » supplée : Délivrée de mes ennemis, et moi je fais comme un bon père de famille, qui fait connaître sa vérité à ses fils. La quatrième férie rappelle le temps où l’Eglise commença à être élevée au-dessus de ses ennemis, lorsque l’empereur Constantin lui rendit la paix ; c’est pourquoi elle chante : Te decet hymnus Deus in Sion. Sion, par interprétation, signifie vue ou contemplation, parce que dans le temps de son repos l’Eglise put se livrer à la vie contemplative. C’est ce que signifient le psaume de David, le cantique de Jérémie et celui d’Ezéchiel sur le peuple captif à Babylone, et tout ce qui a trait à la captivité, lorsque le peuple était sur le point d’en sortir. Car, de même que le peuple d’Israël commença à sortir de la Babylonie après en avoir reçu la permission de Cyrus, de même l’Eglise, délivrée par l’empereur romain Constantin de cette autre captivité de Babylone supportée sous divers empereurs, a l’espoir de voir sa condition s’améliorer jusqu’à ce qu’elle arrive à la céleste Jérusalem ; c’est pourquoi, rappelant les persécutions passées, elle dit : Verba iniquorum prœvaluerunt super nos, et, pour montrer son départ, elle ajoute : « Tu béniras la couronne de l’année de ta clémence. »

XXIV. « La couronne de l’année de ta clémence » signifie le temps de la grâce, qui, par la chaîne circulaire des jours, se dirige jusqu’à la fin du monde, époque à laquelle les champs, c’est-à-dire ceux qui sont remplis de l’appréhension que donne l’orgueil, manquant de la fécondité de la grâce, seront repoussés. C’est pour cette délivrance que l’Eglise chante le cantique qu’Anna, mère de Samuel, chanta lorsqu’elle fut délivrée des persécutions de Fénenna, sa rivale, et qui commence ainsi : « Mon cœur s’est réjoui dans le Seigneur » (I Reg., ii). Car, lorsque la république chrétienne commença à être administrée par des hommes d’une vie angélique et par des empe-