Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/105

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dehors de ces jours consacrés, n’en trouva pas et se décida néanmoins à venir la voir et d’assez bonne heure peu après : à une heure et demie ! Qu’on le trouvât singulier, peu lui importait. Et d’ailleurs on ne le trouverait pas singulier !

Il s’abstenait maintenant de parler de Françoise à Mme Desgraves, et celle-ci eut beau le tourmenter, il feignit l’indifférence, il parut même accepter l’opinion commune à l’égard de Mme du Quesnoy. Françoise ne vint pas aux soirées de Mme Desgraves, ne voulant y rencontrer ni Rose ni la vicomtesse.

Cela donnait à Allart un prétexte pour aller en ambassade extraordinaire chez Françoise : il irait savoir de ses nouvelles ; tout le monde l’ayant crue malade, en ne la voyant pas chez Mme Desgraves.

Mais en chemin il songea que Françoise était mariée et il eut une sorte d’angoisse en se sentant si violemment entraîné. Ne lui préparait-il pas de grands soucis, de grands chagrins, n’y avait-il pas là un cas de conscience insurmontable ? Mais, après tout, s’y rendait-il pour lui déclarer qu’il en était amoureux, qu’il voudrait être son amant, jamais même lui en parlerait-il ? Ne lui suffisait-il pas d’aller la voir, de converser un peu de n’importe quoi, de regarder son visage, de lui témoigner sa respectueuse admiration, de l’encourager amicalement si elle demandait un encouragement, de la consoler si elle se plaignait, de l’entourer d’un culte pur et discret, de se dévouer à ce noble, sensible et fier esprit ?

Il se croisa avec M. du Quesnoy qui sortait de son hôtel. Ils se firent un grand salut.