Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/110

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cependant puisqu’on nous a mis dans cette voie, il faut en profiter.

Françoise avait la même pensée.

— À mon avis, reprit Allart, les femmes, en général, ne commencent à avoir du mérite qu’à cinquante ans.

— Ah ! ah ! dit Charlotte, qui ne s’attendait pas à ce compliment. Les deux jeunes femmes ne parurent pas goûter tout à fait l’aphorisme.

— Elles sont désabusées, continua Allart, elles ne comptent plus sur la beauté et elles cherchent alors réellement a plaire par de sérieuses qualités. Autrement…

— Curieuses, gourmandes, trompeuses, fragiles, répéta Charlotte.

— Il y a cependant, reprit-il, des natures rares et j’en ai rencontré…

Allart s’arrêta pendant un instant d’une durée imperceptible, les yeux baissés vers le tapis, et continua d’un ton presque mélancolique, les lèvres un peu frémissantes, comme s’il risquait une grande entreprise : et je pense que l’affection d’une personne comme celles-là est un bonheur incomparable…

Charlotte lança un coup d’œil à Françoise, mais celle-ci avait pareillement les yeux baissés.

— Une femme d’une âme ferme et élevée, d’une intelligence large, avec la tendresse, la grâce, la douce bonne humeur, l’attentive sollicitude, la délicate confiance…

— Un ange ! c’est bien cela ! interrompit Charlotte railleuse et touchée.