Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/112

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voyions l’activité, la résolution, un esprit vigoureux, qui nous enseigne, nous guide, nous soutienne, dont nous puissions toujours être fières et.

— Nous sommes le lierre, il nous faut un chêne ! reprit Mlle Guay qui goûtait un plaisir délicieux à voir cette comédie amoureuse, jouée avec un jésuitisme candide des deux parts. Elle ne se sentait pas de joie et se secouait comme un chevreau dans son fauteuil, jetant de petits rires, retenus à grand’peine pour ne pas décourager les deux autres.

— Vous avez raison, madame, dit-il, les hommes devraient s’appliquer à être l’orgueil des femmes. La réciprocité amènerait le plus admirable attachement qui puisse exister.

— Et serait-ce si impossible à rencontrer ? s’écria Françoise.

— Hélas ! reprit Allart en souriant, il faut deux volontés.

Il y avait une impression excédante à continuer de la sorte.

— Mais vous, monsieur, qui avez couru le monde entier, comment se fait-il que vous n’ayez point rencontré ce miracle ? avait dit Charlotte.

Les deux autres, qui depuis un moment regardaient chacun en dedans de soi-même et ne savaient pas bien où ils étaient, levèrent les yeux sur elle, et son visage joyeux, fin, gentil, les rappela à l’extérieur. La voyant rire, ils rirent également, et le solennel, le grave, l’ému, fut enlevé et dissipé en une seconde par le soleil de la gaité.