Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/127

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des soupirants habituels, ou par la dépravation que développent chez quelques natures la vie du monde et son uniformité courtoise. Ainsi, la vicomtesse Ballot avait adoré pendant plusieurs mois de se faire traiter par lui comme la dernière des créatures, et ne s’en était fatiguée que lorsqu’elle le trouva un peu trop sincère. Il racontait d’ailleurs tout haut qu’il les battait, se vantait de ses bonnes fortunes, en riait, et les femmes, pour la plupart, n’en concevaient qu’une plus grande envie de connaître le monstre de plus près, ce qui le fortifiait dans son système.

Mais, vis-à-vis Françoise, il avait été saisi d’une colère particulière qui ne lui avait pas permis d’employer toutes ses ressources, et il pensait n’être honteux que de son échec. De sorte qu’il était de plus en plus disposé à user contre la réputation de Mme du Quesnoy de tous les moyens de destruction, sans penser un seul instant qu’il fût indigne. D’ailleurs, la femme ne comptait là, il se le figurait, que pour moitié. C’était Joachim qui était surtout son but, et comme M. du Quesnoy passait pour un homme courageux, habile à l’épée et au pistolet, et que M. de Meximiers était d’ailleurs décidé à accepter toute la responsabilité de sa conduite, ce dernier se justifiait tout naturellement lui-même, sans s’apercevoir que son amour-propre écrasé en voulait surtout et profondément à la femme qui l’avait frappé de son talon.

Il y avait à peine une demi-heure que le marquis quittait le salon de Mme du Quesnoy, lorsque Allart arriva à son tour.