Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/156

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L’abbé partit. Allart ouvrit avec hâte la lettre dont une écriture rapide dévorait le papier.

« Que vous ai-je fait ? Ai-je mal fait ? Oui, j’ai dû mal faire, mais vous m’avez repoussée bien durement, sans explication, sans un seul mot de bonté. À peine vous ai-je reconnu, aperçu ; à peine vous ai-je entendu, et jamais vous n’aviez été si loin de moi. J’ai descendu cet escalier où vous m’aviez rejetée sans bien comprendre ce qui se passait. Maintenant encore je le comprends à peine. J’ai de la peine à réfléchir. Je suis comme un condamné à mort. Il me semble que vous m’avez condamnée. Vous aviez une figure, je l’ai entrevue à travers un brouillard, qui m’a fait peur. Je venais pour vous dire que je vous aime, pour que vous le sachiez, et voilà ce qui m’attendait. J’éprouve une profonde terreur. N’y avait-il pas un prêtre dans votre cabinet ? votre frère probablement, ou bien est-ce une illusion ? Ne vous a-t-il pas détourné de moi ? Je me meurs d’inquiétude.

« Est-ce parce qu’il y avait là un témoin, parce que vous avez trouvé ma visite dangereuse, que vous avez été si fort irrité ? Si cela est, j’en suis bien honteuse, bien repentante mais mon cher, mon bon, mon grand Philippe, je venais vous demander grâce pour un cœur accablé de souffrances. Il fallait que je vinsse vous crier que je vous aime.

« Puis-je me dire encore une fois que je suis sauvée malgré moi ? Ce mot m’est odieux. Aimons-nous, pour ne plus tant souffrir. Non, aucun supplice n’est comparable. Vous êtes cruel, vous ne m’aimez pas. Je veux