Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/175

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Mme du Quesnoy le dit à Allart : « Ma bonne Charlotte n’a pas l’esprit bien ferme. Elle ne me servira jamais beaucoup. »

Il y eut bientôt une période où elle se reporta surtout sur l’espérance de devenir libre. Elle en hâtait le moment sans savoir comment il pourrait arriver, mais elle entendait toujours comme un grand cri de joie qui retentissait dans sa maison : des gens s’empressaient autour d’elle et la félicitaient joyeusement ; elle allait dans l’église avec Allart, la bénédiction leur était donnée, et avec quels transports, quelle foi exaltée elle jurait de lui être fidèle.

Elle ne put s’empêcher d’en parler à Allart. Lui aussi était rivé à cette pensée que M. du Quesnoy, l’obstacle, disparaîtrait.

Mais l’espoir de Françoise lui fit peur. Il y avait quelque chose de féroce et de tentateur dans un tel désir, qui lui parut soudain odieux pour un honnête homme.

— Ne me parlez jamais de cela, ni de lui dit-il avec une certaine violence.

Elle fut interdite.

— Nous n’avons pas à murmurer. Tant pis pour nous !

Elle l’aimait quand il se fâchait par un mouvement noble.

— C’est vrai, dit-elle, nous pourrions être punis de trop demander au sort.

Le changement qu’elle avait invoqué en causant avec Charlotte allait, du reste, bientôt survenir.