Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/183

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de la jouer au théâtre du château, au milieu d’applaudissements enthousiastes. Il avait en reconnaissance improvisé un quatrain assez heureux sur les qualités du prince. Présenté à l’ambassadeur de Russie à Vienne, qui était venu à N… à l’occasion de cette fête, il s’était aperçu qu’il avait plu à cet homme d’État important. Il était rentré chez lui triomphant. Le monde lui appartenait. Il espérait devenir ministre des affaires étrangères, si le sort continuait à le seconder aussi bien.

Pourtant l’aspect de la grande enveloppe avec l’adresse mise de la main de Françoise, l’épaisseur du paquet le troublèrent, quand le matin, à onze heures, on le lui remit.

À la première ligne, le froid courut dans ses veines.

Il continua à lire, ne comprit pas bien et se jeta sur les autres lettres. Elles étaient de divers agents de change qui, ensemble, lui réclamaient quatre cent mille francs. De toutes résultait à peu près la même chose « Niflart jouait pour le compte de Joachim et, ayant perdu, avait disparu, et c’était à son mandant qu’on s’adressait. »

Et tandis que ces chiffres s’imprimaient dans son cerveau avec des pointes aiguës, il lui semblait que le bruit d’un écroulement roulait à son oreille avec le fracas d’une cataracte, et qu’il tombait à il ne savait quelle profondeur.

Un moment il regarda autour de lui, et fut presque étonné de se voir dans son cabinet. Ses meubles dorés l’entouraient encore, son costume et son épée étaient