Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/186

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— Vous avez été bien dure de ne pas me recevoir…, dit-il.

— Et vous de me réveiller…

— La chose en valait la peine. Je viens d’apprendre la nouvelle que je suis ruiné !

Malgré le stoïcisme qu’il affectait, ce mot lui donnait un frisson. Quand la catastrophe s’étalait devant lui, il avait de la peine à entrevoir qu’elle ne fût pas irréparable ; il lui paraissait presque impossible de relever tant de débris et de reconstruire l’édifice abattu.

Mme d’Archeranges, qui examinait des toilettes qui arrivaient de Paris, répéta comme un écho :

— Ruiné ! tout à fait ruiné ? Ah ! c’est bien ennuyeux, cela !

Mais elle n’interrompit pas son travail.

Cette indifférence découragea Joachim et lui rendit plus lourde, plus sinistre, l’idée de la perte irréparable. Il regarda Rose en silence d’un air douloureux. Elle se retourna vers lui, étonnée qu’il se tût.

— Quel drôle d’air vous avez, dit-elle.

— Vous ne m’avez probablement pas entendu, reprit-il d’un ton amer et cassant.

— Mais si, parfaitement. Eh bien, qu’allez-vous faire ?

— Retourner à Paris.

— Tout de suite ? Me laisserez-vous la voiture et les chevaux ?

— Je laisserai tout !

Il haussa les épaules.

— Est-ce que vous quitterez la diplomatie ?