Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/188

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— Eh ! mon cher ami, que voulez-vous que me fasse votre fortune ? J’ai la mienne. Je puis me passer de vos bontés, croyez-le. Vous n’êtes ni aimable, ni tendre. Vous êtes rarement amusant. Je suis un ange de patience avec vous ! Vous ne pouvez pourtant prétendre à ce que je sois attachée après vous, et passive et impersonnelle comme la doublure de votre habit.

— Ah ! dit-il, je vois le premier exemple de ce qui m’arriverait.

Il pensait qu’on l’abandonnerait et qu’on lui tournerait le dos, s’il demeurait un homme ruiné et terrassé.

Il partit vivement sans ajouter rien de plus.

— Restez donc, Joachim, lui cria Rose ayant quelque remords d’avoir montré si peu de pitié et d’intérêt.

Il sortit de là, exaspéré contre elle, contre Françoise, contre Niflart, contre tout et tout le monde.

— Il faudrait n’exister que par et pour lui, se disait Rose. Sa ruine ! sa ruine, pauvre homme, va le rendre tout à fait ennuyeux. En aurons-nous pour bien longtemps ensemble ? je ne le crois pas. Pourtant il a été charmant à une époque, et ici ils le prônent tellement ! Mais pourquoi me tracasse-t-il de ses affaires personnelles ? Pourvu qu’il ne me demande rien, je ne suis pas riche ! Comment sa femme va-t-elle le traiter maintenant ? Si Laure était adroite, elle les exciterait l’un contre l’autre, bien davantage à présent. Il ne m’a point dédommagée de l’avanie que j’ai reçue, sa ruine est une punition. Il a peur de sa femme ; s’il pouvait la ruiner ! Je vais retourner à Paris en même temps que lui. Nous trouverons enfin une bonne occasion.