Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/193

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— Votre femme abusera de votre ruine, et le M. Allart s’en trouvera mieux, lui dit-elle, ne lâchant jamais sa rancune.

— Oh, je… s’écria-t-il, en s’interrompant aussitôt par un geste violent, je ne suis pas ruiné encore !

Alors il se plaignit de Françoise à Rose, comme jamais il ne l’avait fait.

Sa femme était son mauvais génie, le persécutait, le trahissait. Directement ou indirectement elle était la cause de tous ses maux. S’il s’était fié à Niflart, c’est qu’elle lui avait enlevé toute netteté d’esprit, tout pouvoir de réflexion. Il maudissait la folie du mariage.

— Cependant, dit doucereusement Rose, vous comptiez faire une bonne affaire en l’épousant.

— Est-ce que l’argent est tout ?

Il parla de son cœur, de son honneur, de toutes ses propres qualités, de l’injustice providentielle.

Et Rose, revenant toujours à son delenda Carthago, lui glissa :

— Tandis que vous êtes si tourmenté, elle se divertit avec l’Allart.

Joachim laissa tomber d’un grand coup ses deux mains sur ses genoux.

— Si cela est, elle le paiera cher, cria-t-il. Très cher ! murmura-t-il ensuite entre ses dents.

— Oh, qu’y pourrez-vous faire ? risqua Rose.

— Comment, qu’y puis-je faire ? demanda-t-il furieux, en se soulevant à moitié.

Et il ajouta avec plus de calme, mais d’une façon sinistre : ce que tout homme de cœur doit faire !…