Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Je suis obligé de courir toute la journée ; je ne sais si je rentrerai pour dîner, ou même avant minuit.

« Recule-t-il devant une explication ? se demanda Françoise ; prétend-il me tenir en dehors de ses actions ? Ses allées et venues imprévues vont m’empêcher d’aller chez Charlotte et de donner rendez-vous à Philippe. Je ferai en sorte de savoir à quoi m’en tenir d’ici à demain. »

Joachim commença ses courses par le ministère. Il n’était pas sans inquiétude sur les dispositions du ministre à son égard, dans le cas où ses affaires de Bourse eussent été connues par le public. Il ne put voir d’abord que l’un des directeurs, qui, en effet, lui parla de ces affaires, de la déconsidération qui en résultait pour l’administration, et du mécontentement du ministre.

Comme, déjà troublé, il attendait que celui-ci fût descendu dans son cabinet, il se rencontra dans les bureaux avec M. de Daignes, qui lui dit d’un air radieux :

— Ah ! mon cher ami, on m’envoie comme chargé d’affaires dans l’Amérique du Sud. J’ai trouvé des recommandations non moins bonnes — il appuya que les vôtres. Et, à propos, il vous est arrivé un grand malheur ; nous en avons été tous désolés.

Il serra expressivement la main à Joachim qui essaya de secouer la tête d’une façon négligente. Mais il était comme un homme qui sent le sol manquer tout à coup sous ses pieds. Sa chance s’effondrait. Il comprit que