Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/211

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Joachim le regarda avec hauteur, s’imaginant que M. Blanchart prétendait s’interposer.

— L’intention de Mme du Quesnoy, reprit M. Blanchart revenant à son ton posé, est de payer sur sa dot tout ce que vous pouvez devoir.

— Ah ! jeta Joachim d’un accent étranglé. Il resta immobile comme une pierre. Sa figure se décomposa presque. Il vit noir. Puis dans ce salon, qu’éclairait tristement une seule bougie, la lumière d’un soleil sembla se répandre, la lumière d’un salut inespéré !

Toutes les choses surgirent comme dans une apothéose : il n’aurait plus besoin d’emprunter, il se ménageait le vicomte et Popeland pour de grandes spéculations, le ministère avait la main forcée, le bon vent revenait enfler sa voile. Et c’était elle ! elle qu’il avait méconnue ! Mais alors, par un singulier contraste, il se retrouva en face de deux personnages, à demi perdus dans l’obscurité, muets, immobiles, insensibles comme des juges, sa femme et le notaire. Allons donc étaient-ce là des amis ? ce n’était pas possible ! Une telle générosité masquait quelque condition redoutable. Les gens ne font rien pour rien. Ceux-ci avaient une contenance si raide, que dans l’ombre dont ils étaient enveloppés ils tenaient en réserve le piège, la chaîne.

Cependant un peu du premier mouvement lui resta. Il s’avança vers sa femme.

— Je vous remercie, Françoise, dit-il en lui tendant la main.

Elle lui abandonna la sienne, mais comme par respect humain. Il ne se trompait pas. Qu’allait-elle