Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/257

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suffit d’un peu d’énergie, d’une mesquine décision pour prendre un parti et s’en tirer. Mais ici, quelle issue ?

Moi, je suis forcément garrotté ! passif ! Vous êtes mariée et nous avons des scrupules ! Nous en avons d’ailleurs été bien récompensés. Que demandons-nous ? Nous sommes trop exigeants. Vous ne voulez pas être ma maîtresse, je ne veux pas non plus que vous la soyez. Seulement, il me semble toujours que vous êtes la sienne, et je n’ai qu’à ronger mon frein, n’est-il pas vrai ?

— Oh ! dit Françoise avec une espèce d’horreur.

— Il s’agit d’envisager avec sang-froid la position ! Je le fais, continua Allart avec une croissante excitation. Vous ne voulez pas que je vous enlève, cela ferait trop de scandale. Nous avons peur du scandale.

— Mais vous me faites beaucoup de mal, dit-elle les larmes aux yeux, vous êtes dur, vous m’effrayez.

— Non, j’examine avec sang-froid. Voilà notre position. Eh bien, il y en a cent mille autres dans le même cas. Comment font-ils ? Nous n’avons qu’à choisir, il y a mille manières de s’accommoder de l’état le plus affreux, le plus humiliant, le plus torturant où l’on puisse être..

— Mais Philippe, comment aurai-je du courage, si vous n’en avez pas ? s’écria-t-elle.

— Eh ! que voulez-vous que nous fassions avec votre courage ?

Elle ne put retenir des larmes. Cette vue ramena un peu Allart à lui-même. Il s’approcha, s’arrêta devant elle. Il songea qu’il déchirait trop leur plaie.