Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/269

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de perfidie qu’il pouvait adopter, ou sur son entière sincérité. Pourtant la rentrée d’Allart s’était faite d’une façon plus simple et plus rassurante qu’ils n’auraient imaginé. Et dans le petit salon qui les avait vus tant de fois ensemble, ils reprirent peu à peu les anciens thèmes et oublièrent, durant un bon quart d’heure, Joachim, comme au temps où il était à N…

En se retirant, Allart ayant aperçu le petit meuble où Françoise serrait ses papiers, dit :

— Il est donc vide maintenant ?

— Oui, oui, affirma Françoise.

Après le départ de Philippe, elle songea à l’auto-da-fé qu’il recommandait si souvent. Mais ayant contemplé et relu les lettres, elle ne put encore se résoudre à les brûler. Seulement elle vérifia la solidité du petit meuble. On ne pourrait le forcer, pensa-t-elle. En vérité, murmura-t-elle, comment serais-je donc, si j’étais coupable ?

Elle chassa ce sentiment qui se soulevait parfois en elle, et en considérant qu’AIlart se retrouverait à son côté, là, dans cet endroit où ils s’étaient dit qu’ils s’aimaient, endroit vénéré et adorable, une douce lumière surgit qui noya toutes les ombres.

Le jour du dîner, Joachim renouvela ses amabilités de la soirée. Il engagea une conversation amusante, vive. Il excita Françoise et Allart ; ceux-ci se laissèrent aller à l’entrain qu’il leur communiqua et furent causeurs et gais comme s’ils s’étaient trouvés avec un véritable ami, ou du moins un personnage qui leur fût très agréable.