Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/281

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— Aïe ! pensa-t-elle, la mèche est vendue. Je me suis blousée. Bah qu’ils s’arrangent. J’ai mes jaunets.

Joachim chantonnait furieusement. Il refit le cachet de la lettre et alla la jeter lui-même à la poste.

Il répétait constamment tout bas :

— Mon bon Philippe, je ne sais ce qu’il a. Vous le saurez.

Par moments, le sang lui montait si fort à la tête que ses yeux se troublaient.

Mais Allart ne vint pas ; on lui apporta la réponse de celui-ci : « Chère madame, ma mère repart demain, je n’aurai donc le plaisir de vous voir que demain soir. »

— Homme de précaution, se dit Joachim, à la bonne heure, voilà une lettre qui peut traîner partout. Pauvre finesse !

Il ne donna que dix francs cette fois, recacheta la lettre et la fit remettre à sa femme. Il passa de longues heures à se demander comment il s’y prendrait le mieux.

Le lendemain, il alla voir Mme d’Archeranges. Ils s’étaient un peu négligés pendant ces derniers jours.

Rose était toujours en divertissements.

Il trouva chez elle le marquis de Meximiers, qui avait l’air d’un homme installé, son chapeau sur un canapé, ses gants ôtés. Le marquis fut plein d’aplomb. Joachim attendait qu’il s’en allât ; l’autre sembla attendre de même. Rose était d’une grande gaîté, le marquis souriant, Joachim fort maussade. Ce ne fut qu’au bout d’une heure que le marquis quitta la place.