Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/321

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d’Afrique, exil où enterrer un homme avec l’apparence d’une faveur.

— Que faire ? se demanda-t-elle. Et pour la première fois elle ne chassa pas trop loin cette pensée : Il y a donc décidément en lui je ne sais quoi de douteux ! Me tromperais-je sur son compte ?

L’amour-propre était pour quelque chose dans ce sentiment. N’admettant pas que son propre crédit eût baissé, il fallait qu’il y eût en Joachim quelque cause réelle d’exclusion.

Ce fut Joachim qui lui demanda une solution.

Quand elle lui dit à la fin qu’il ne savait pas employer l’argent et qu’il n’en aurait pas, il fut atterré et furieux.

— Eh ! que voulez-vous que je fasse ? s’écria-t-il.

— Attendez ! ma maison est la vôtre. Dans six mois, dans un an, nous serons plus heureux.

Alors, par un excès d’emportement, il se perdit d’un coup dans l’esprit de la baronne, qu’il compta intimider.

— De mon côté, reprit-il, j’ai dû me décider à faire condamner ma femme.

Il répéta les arguments de Laure : Je suis dupe, rien ne l’empêche de revoir son amant.

La baronne ne le connaissait point sous son aspect dur et méchant. Un tout autre Joachim se révéla à elle et l’effraya.

— Oh ! mon cher enfant, dit-elle vivement, vous m’avez promis de m’épargner ce chagrin…

Mais, répliqua Joachim, c’est mon seul dédom-