Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/323

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La baronne s abandonna au chagrin : L’ingrat, s’écriait-elle, moi qui l’adorais. Ma fille, lui ! ils m’accablent à l’envi. Ceux qui m’ont avertie avaient bien raison. J’étais le jouet de ses comédies. Ah ! l’horrible homme !

Elle lui en voulait surtout pour n’avoir pas su le juger. Les menaces de Joachim l’inquiétaient à demi. Elle ne pensait pas qu’elles fussent autre chose qu’un moyen d’extorsion : Après ce que j’ai fait pour lui ! me mettre le poignard sur la gorge. Ah ! que l’espèce humaine est vilaine !

Joachim était retombé dans l’exaspération où il se trouvait avant le duel. Tout le monde l’abandonnait. Un homme qui tombe n’a plus ni amis, ni parents ! Cette vieille femme était stupide et l’avait endormi par ses promesses. Maintenant elle faisait comme tout le monde. La mère et la fille, il s’en vengerait.

Il avait eu aussi d’autres ennuis depuis quelque temps. Les amis de la baronne n’admiraient point comme elle M. du Quesnoy et lorsqu’ils le rencontraient étaient d’une politesse fort réservée. Au cercle le bruit s’était répandu qu’il ne pouvait trouver de place. L’histoire de ses dettes payées, confiée par M. Blanchart peut-être à deux personnes seulement, était arrivée là également. Joachim lisait sur tous les visages la froideur, l’indifférence et même l’étonnement de voir encore parmi les gens prospères et importants, un être qui n’avait plus d’argent et ne pouvait arriver à rien.

La haine du genre humain le prenait, et il en repor-