Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/349

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bien assez de tourmenter sa femme, qu’elle reconnaissait maintenant que Françoise avait bien fait, et que quand les gens étaient comme lui, toujours ivres ou fous, on s’en débarrassait.

— Je connais l’archange que vous placez à la porte de votre paradis, dit-il en partant, le cou tendu en avant comme un taureau qui va combattre.

Il se croisa avec le marquis qui venait chez Rose.

— Je vous défends de voir Mme d’Archeranges, lui cria-t-il.

— Vous êtes ivre ou fou, répliqua hautainement le marquis comme Rose.

Trois jours après, Paris retentissait du bruit d’un nouvel exploit de Joachim. Il avait très grièvement blessé le marquis dans un duel acharné où lui-même avait été atteint, mais légèrement.

Les changements se succédèrent coup sur coup. Le capitaine de vaisseau d’Archeranges, rappelé en France, arriva sur ces entrefaites, et, nommé à un poste dans un des grands ports, emmena, malgré elle, sa femme en province.

Alors séparé, comme par le tranchant d’une hache qui coupe une amarre, de tout le monde à qui se rattachaient ses habitudes, Joachim s’agita un moment avec fureur dans le vide. Les gens qu’il haïssait, même, manquaient à sa main et se trouvaient emportés loin de lui. Rose disparue, sa femme introuvable, la baronne, le vicomte Ballot inaccessibles, et de partout ailleurs, lui, se proscrivant volontairement, il ne savait où porter le feu qui le rongeait.