Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/45

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Il se frappa la poitrine, s’échauffant, s’enthousiasmant au récit de ses vertus.

— Je travaille, j’aspire à une grande position, je veux augmenter ma fortune. Eh bien, n’est-ce pas là une chose honorable ? Qui oserait attaquer mon honneur ? Que je ne montre pas une grande chaleur pour des gens comme de Daignes et Meximiers qui sont de faux amis, qui me desservent et me jalousent, et je ne serais pas dans mon droit, pleinement ?…

Ses yeux tournèrent tout autour de la chambre ; il aperçut la jardinière qu’on avait envoyée à Françoise.

— Ah ! qu’est-ce que c’est que ces fleurs ?

L’acharnement réciproque qui naissait entre eux se manifesta de nouveau. Françoise eut du plaisir à dire à Joachim :

— Ces fleurs, on me les a envoyées !

— Ah ! on vous les a envoyées ! Qui ? On s’occupe donc de vous ? demanda-t-il brutalement.

Elle éprouvait un certain remords. Ses scrupules lui faisaient croire qu’elle se compromettait. Mais avant tout, il fallait frapper Joachim. D’ailleurs, Françoise se sentait trop innocente, et ce léger trouble de sa conscience avait des jouissances un peu aiguës auxquelles elle ne résistait pas.

— Je ne sais de quelle part elles viennent, dit-elle d’un air indifférent.

— Mais vous le saurez sans doute. Je vais vous donner un conseil, car vous n’êtes pas très experte, je crois, en coquetterie. Il faut mettre une de ces fleurs dans votre coiffure, ce soir !…