Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/182

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un air qui simule les péripéties d’un combat, et le chœur ayant entonné les vers appropriés d’un vieux poëme épique, les danseuses, qui ont pris a la main un arc et des flèches, dansent la bataille et miment le combat. Tout d’un coup elle s’arrêtent, et le chœur, qui seul alors continue, pleure les héros tombés et se lamente sur les morts.

Le régent, qui voit le plaisir que nous cause l’art délicat de ses danseuses, cherche encore à en rehausser l’éclat par le contraste, en laisant venir des ronggens. Ces ronggens sont des bayadères à la disposition du public, que chacun peut faire venir chez soi pour de l’argent. Elles sont vêtues d’une façon très-ordinaire. Ce sont pour le moins autant des chanteuses que des danseuses, car elles chantent en même temps qu’elles dansent. Leur principal mérite paraît même consister dans leur chant, qui est en partie improvisé, et émaillé de saillies, de brocards, de propos très-libres, toutes choses naturellement perdues pour des étrangers.

Les danses et la musique se prolongent chez le régent jusqu’au milieu de la nuit, et lorsque nous nous retirons et qu’il nous accompagne, la lune éclaire la foule, qui a envahi les cours et qui du