Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/295

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ment ; produisant très-peu, il est toujours demeuré très-pauvre.

Cependant cette civilisation, sans avoir dépassé d’état d’enfance, parle fait du temps, était arrivée au plus complet abaissement. Les castes, alors qu’elles avaient perdu leur sens primitif, subdivisées à l’infini, y séparaient plus absolument que jamais l’homme de l’homme. La religion, loin de s’épurer, était devenue un paganisme tous les jours plus grossier et plus sensuel. Les pratiques les plus criminelles s’étayaient sur elle. Pour les thugs, le massacre et l’assassinat étaient passés à l’état d’actes religieux ; et les brahmanes avaient poussé l’abus de la supériorité de force d’un sexe sur l’autre jusqu’à apprendre au plus faible à se brûler vivant pour honorer l’autre[1]. Il n’y avait nulle part de sauvegarde pour les faibles et les petits ; c’était un état de guerre chronique, traînant après lui la dépopulation, la diminution des terres en culture, avec de grandes bandes de pillards ravageant les États, et de petites assassinant sur les routes.

  1. Dans la seule division administrative de Calcutta, on comptait, en 1817, 442 cas de suttis, ou de veuves brûlées vives sur le bûcher avec le corps de leurs maris.