Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/355

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poussièrc ; elle est difficile à trouver, et pour ne point la perdre, il nous faut, dès la tombée de la nuit, recruter des guides de village en village. La direction que nous suivons sur Pali nous fait côtoyer les monts Araoualli. Ils forment sur notre gauche un mur dentelé de petits pics chenus. Tout le pays sent la soif. La plaine, qui s’étend interminable, ne donne naissance qu’à de maigres plantes et à des arbres chétifs. Autour des villages, on n’obtient des champs quelque peu verts et cultivés que dans les endroits encaissés et grâce à l’eau que des roues mues par des bœufs puisent dans les profondeurs du sol. Ce n’est pas tout à fait le désert, mais on se sent sur sa limite.

En traversant les monts Araoualli, nous croisons d’immenses troupeaux de bœufs employés comme bêtes de somme à transporter du sel ou des grains. Les gens qui les conduisent viennent de l’intérieur de Jodpour. Les femmes ont aux chevilles des anneaux en argent, avec des grelots qui annoncent de loin leur venue. Les hommes sont armés de boucliers, de sabres, de lances. Depuis Agra, plus nous avançons, plus le port des armes devient chose générale, Nous ne rencontrons presque plus personne