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chose régulière, non disputée. Cependant les taïcouns n’avaient pu détruire absolument le mikado, ils avaient été obligés de le laisser vivre et durer dans la retraite ; aussi, quoique possédant la puissance matérielle, moralement ils n’en demeurèrent pas moins ses inférieurs. De date relativement récente, jamais en effet ils ne purent acquérir l’influence morale et le prestige que les mikados tenaient, eux, des temps antiques. C’est que le mikado est pour le Japon quelque chose ressemblant à la fois au roi légitime du moyen âge européen et au roi des temps primitifs de la Grèce, descendu des héros et des dieux. Les mikados sont les plus anciens souverains que le Japon ait connus, et la tradition les rattache directement aux héros de la primitive mythologie nationale. Au Japon, le mikado se trouvait donc posséder dans l’ombre une immense force morale ; le taïcoun au grand jour, la puissance de fait. C’est ce que les Hollandais qui, pendant longtemps furent seuls à connaître le pays, avaient traduit d’une manière fort incorrecte en disant que le mikado était l’empereur spirituel, et le taïcoun l’empereur temporel.

Le pouvoir du taïcoun n’était pas seulement mo-