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Page:Dusaulx - De mes rapports avec J. J. Rousseau, 1798.djvu/232

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Notice.

Que reste-t-il donc enfin ? L’amour de la gloire. Quoi ! ce noble sentiment qui élève l’âme aux sublimes contemplations qui l’élancent dans les régions éthérées, qui l’étend, pour ainsi dire, sur toute la postérité, pourrait lui dicter des forfaits ! Il prendrait, pour s’honorer, la route de l’infamie ! Eh ! qui ne sait que rien n’avilit, ne resserre et ne concentre l’âme comme le crime ; que rien de grand et de généreux ne peut partir d’un intérieur corrompu ? Non, non ; cherchez des passions viles pour cause à des actions viles. On peut être un mal-honnête homme, et faire un bon livre ; mais jamais les divins élans du génie n’honorèrent l’âme d’un malfaiteur ; et si les soupçons de quelqu’un que j’estimerais pouvaient à ce point ravaler la mienne, je lui présenterais mon Discours sur l’inégalité[1] pour toute ré-

  1. En retranchant quelques morceaux de la façon de Diderot, qu’il m’y fit insérer presque malgré moi. Il en avait ajouté de plus durs encore ; mais je ne pus me résoudre à les employer.