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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/110

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amour vainqueur

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interrogea Harry, d’une manière si réfléchie, qu’il devina que son cœur était sous l’impulsion de divers sentiments, et sous le coup d’une résolution dont il redoutait les conséquences.

Il s’en était aperçu, car à deux ou trois reprises Ninie dit à Harry, retirons-nous à l’écart, j’aimerais à vous causer de quelque chose. Harry essaya de savoir immédiatement, ce dont il s’agissait, mais Ninie hésita, tellement, elle ne savait par commencer ; alors Harry qui, de fait avait accompagné Miss Anita Baker, à une soirée, dans le cours de la semaine écoulée, plutôt par courtoisie et comme seul moyen de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouvait, vu que la famille Baker peut-être, à la demande de leur fille Anita, avait rendu visite à la famille et à la vieille mère de Harry ; alors Harry, dis-je, croyant que Ninie voulait lui faire des reproches, d’un ton affectueux, la prenant pas la main, lui dit : Ma chère amie, ne m’en faites pas de reproches, je n’ai pu faire autrement ; je vois que vos yeux n’expriment pas la même flamme d’amour, que d’habitude ; votre sourire est tout différent, et près de vous, je ne respire plus le bonheur que vous m’avez toujours fait goûter ; la parenté et la position sociale imposent des devoirs auxquels on ne saurait se soustraire.

Ninie, fut toute étonnée de cette déclaration ; et constatant que Harry cherchait à s’excuser, elle feignit savoir ce dont il s’agissait, mais n’avait entendu parler de rien ; elle soupçonna un peu l’affaire, et d’un air plus rassuré : comment Harry, osez-vous maintenant continuer votre assiduité auprès de moi, alors qu’en mon absence, vous vous permettez de… Ninie coupa court sa phrase, et attendit la réponse de Harry qui tout ému, et craintif de perdre l’amour de sa nouvelle amie, reprit avec chaleur et enthousiasme : Ninie, vous le savez, je ne vous ai pas trahie ; dès le début de nos amours, même le jour où nous nous sommes connus sur la terrasse observatoire, ici, à New York, alors que j’avais été épris subitement, des beautés de votre sourire et de l’expression de vos regards, je vous ai déclaré que Miss Anita n’était qu’une cousine, que je ne la fréquentais pas avec l’intention de l’épouser ; si je me suis permis de la conduire, mer-