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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/114

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amour vainqueur

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ayant encore à la mémoire, tous les conseils donnés par une mère d’expérience, dans le seul but de son bonheur, Ninie se trouvait dans un état difficile à décrire ; mais enfin, son âme rafraîchie par les avis de sa mère, et comme réconfortée, lui donna un regain de courage et continua avec instance : Harry, lui dit-elle, ne vous rappelez-vous pas que la première fois que je vous ai rencontrée, je vous apparus belle ? ne vous rappelez-vous pas que je vous ai avoué que vous étiez gentilhomme, sans oser admettre que vous étiez mon ami ; ne vous rappelez-vous pas, que, bien que j’aie accepté certaines promenades que nous avons faites ensemble, je vous ai estimé, au point de vous rencontrer souvent et que j’ai mis entre vos mains, ma confiance et mon avenir ? Ne vous rappelez-vous pas, que malgré que vous disiez que je sois d’un caractère mélancolique, vous m’avez déclaré que les jours que vous aviez passées avec moi, étaient les plus beaux de votre vie ? Oh ! je vous ai aimé, j’ai cherché à vous aimer davantage ! mais je ne le puis pas, maintenant, car votre conduite me laisse trop soupçonner que vous aimez encore Miss Baker !

Tous les assistants ont les yeux fixés sur nous, reprit Harry, et je ne veux pas m’imposer à leur attention. Si l’amour a eu des prises sur moi, je veux et j’entends qu’il reste sans conséquences. Si je dois me séparer de vous chose cruelle que je devrai combattre, je serai un homme, un homme pratique, et je vous laisserai partir pour vous diriger vers le but que vous vous proposez d’attendre. Je vous laisse libre, allez ! Allez ! puisque c’est votre désir de me quitter !

Harry, dit Ninie, vous prenez les choses vraiment au sérieux, je n’ai point l’intention de vous dire Adieu, mais seulement de me permettre d’étudier cette question de notre union, au contact des conseils de ma mère ; je vous sais bon, et généreux ! Je vous prie de vous rappeler que ma conduite à votre égard, a été sans bassesses, ni culpabilité, que j’ai accepté toutes vos invitations autant pour vous faire plaisir que pour en retirer moi-même de l’agrément, que si vous pensez le contraire, je devrai vous quitter, et alors je vous avouerai que toute séparation comporte des sacrifices, mais que si vous me soupçonnez de mauvaise foi, la séparation la plus douloureuse a encore des charmes.