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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/129

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CHAPITRE VI


Titre II


Il nous faut quelque chose, en cette triste vie,
Qui nous parlant de Dieu, d’art et de poésie,
Nous élève au-dessus de la réalité ;
Quelques sons plus touchants, dont la douce harmonie,
Écho pur et lointain de la lyre infinie,
Transporte notre esprit dans l’idéalité.

Or, ces sons plus touchants, cet écho sublime,
Qui sait de notre cœur le sanctuaire intime,
C’est le ciel du pays, le village natal ;
Le fleuve au bord duquel notre heureuse jeunesse
Coula dans les transports d’une pure allégresse ;
Le sentier verdoyant où, chasseur matinal,

Nous aimions à cueillir la rose et l’aubépine ;
Le clocher du vieux temple et sa voix argentine ;
Le vent de la forêt glissant sur les talus,
Qui passe en effleurant les tombeaux de nos pères
Et nous jette, au milieu de nos tristes misères,
Le parfum de leurs nobles vertus.

(Octave crémazie)


Ninie, revenue à son emploi, se sentait heureuse ; elle avait revu ses parents, ses amis à Guignes ; il lui avait été si agréable de revoir ces lieux pittoresques et à l’aspect sauvage du Témiscamingue ! elle avait été heureuse de se promener quelques heures sur les eaux de ce lac qui lui rappelait de si doux souvenirs ! L’école où elle avait enseigné, les maisonnettes échelonnées le long de la route qui conduisait de la demeure de ses parents à son village natal, le clocher de l’église où elle avait tant de fois, prié pour le succès de son avenir, lui avaient remué l’âme jusque dans les fibres les plus intimes !

Jamais, elle ne s’était tant sentie d’attraits pour son pays.

Jamais, elle ne s’était tant sentie secouée à la lecture des poésies patriotiques.