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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/48

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amour vainqueur

combattre l’ennui, elle se sentait si loin de tout ce qui lui était cher ; mais son tempérament énergique lui fit surmonter, sans trop de difficultés et le chagrin qui envahissait son âme et tous les petits obstacles qu’une jeune fille, en pareille occasion, doit rencontrer inévitablement sur sa route.

Un soir, alors que les élèves étaient rendues au dortoir, Ninie, comme éprise de découragement, le cœur suffoqué par la peine qu’elle ressentait de se voir si loin de sa famille, fondait en larmes ; le sommeil ne pouvait pas venir ; sa tête était remplie de fièvre ; et les sanglots qu’elle étouffait sous l’oreiller, attirèrent l’attention de l’une de ses compagnes qui aussitôt alla prévenir Mademoiselle Howell, l’institutrice de littérature anglaise de Ninie, qui s’empressa d’aller auprès d’elle et lui demanda :

Mais, mademoiselle, êtes-vous malade, qu’avez-vous ? Ninie, reconnut Miss Howell, qui depuis son arrivée avait pris beaucoup d’intérêt pour l’égayer et qui, à la demande spéciale de la Révérende Sœur Supérieure, Révde Mère Claire, lui avait témoigné beaucoup d’estime et cherchait à lui rendre le séjour, très agréable.

Dites-moi, mademoiselle, qu’avez-vous, étes-vous malade ? Non, reprit la jeune fille, je ne suis pas malade, mais je m’ennuie ; je veux m’en retourner chez moi, demain ! c’est trop ennuyeux, ici ! C’est bien, reprit Miss Howell, vous vous en irez demain, mais comme c’est le dernier soir que vous passez ici, venez avec moi, à ma chambre ; nous causerons.

Toute chagrine, les yeux enflés, le mouchoir dans la figure, Ninie suivit Miss Howell, qui conduisit la jeune fille à sa chambre où elle lui fit prendre une bonne tasse de thé ; après l’avoir engagée à vaincre sa gêne et ses ennuis, et faisant miroiter à ses yeux l’avenir brillant qu’elle aurait, si elle continuait ses études ; la Révérende Sœur Supérieure Mère Claire, qui, à l’arrivée de la jeune fille, avait constaté en elle, une brillante intelligence, prévenue par Miss Howell, s’était donné le trouble de se rendre à la chambre de cette dernière, où elle trouva Nini toute désolée.

Oh ! chère enfant, lui dit-elle, en anglais, il faut avoir du