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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/52

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amour vainqueur
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sur les lèvres, prendre dans ses mains, les mains de ces deux petites canadiennes et en un français absolument correct quoique teint de l’accent anglais, leur demander d’où elles venaient, qui elles étaient, si elles se plaisaient et leur dire en plaisantant : « Mes bonnes enfants, quand je reviendrai, si vous n’avez pas été de bonnes élèves, vous savez, moi, que je les déteste les Canadiens-français, hé bien, je saurai être bien sévère pour vous ! »

Ninie, pensait souvent à son ami Rogers qui lui avait promis de lui écrire ; que fait-il, se demandait-elle ? Elle ne savait que penser de cette absence de nouvelles !

À maintes reprises, elle avait réussi à lui écrire, du couvent et à faire maller ses lettres par des élèves externes, qui prenaient leur pension au dehors du couvent ! mais toutes ses lettres étaient restées sans réponse ; croyant que son ami Rogers l’avait oubliée ou qu’il avait changé ses amours, Ninie en éprouva beaucoup de chagrin ; sa figure était devenue triste et ses études ne furent pas aussi bien faites que d’habitude ; aussi, la Révde Sœur Directrice, se doutant que quelque chose d’anormal se passait chez la jeune fille, chercha la cause de cette tristesse qui lui semblait mystérieuse, et en faisant l’examen, un soir, de son pupitre, trouva une lettre que Ninie avait écrite à son ami Rogers, et qu’elle se préparait à lui faire envoyer secrètement, le lendemain ; la Révde Sœur Directrice remit cette lettre, au Révd Père Hermann, bon et saint prêtre, chapelain du couvent, qui fit demander Ninie et l’exhorta à mettre ces correspondances et ces amours de côté, chercha à lui faire comprendre qu’elle ne devait pas perdre son temps, à des correspondances inutiles et qui l’exposaient à se faire renvoyer de la Maison où elle avait commencé à remporter de beaux succès dans ses études.

Malgré ces exhortations du Revd Père Hermann, Ninie qui ne pouvait se résigner à voir son bon Rogers s’éloigner d’elle, et à vivre sans aucune nouvelles de lui, essaya encore de lui faire parvenir à Haileybury, trois ou quatre autres lettres, demandant des explications, protestant de la plus vive sincérité de son amour et lui dépeignant tout le chagrin qu’elle éprouvait de ne pas recevoir de nouvelles de lui.