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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/76

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amour vainqueur

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mières déclarations d’amour ! Que les eaux du lac Témiscamingue étaient donc limpides ! Qu’il était admirable cet horizon, ondulé des crêtes des montagnes qui entourent mon village natal Guigues, et la ville Haileybury où j’ai laissé ma famille qui me croit heureux en ce moment alors que la plus terrible tentation ou faiblesse ou désespoir s’emparent de moi !

Qu’ils sont laids ces rivages de cette rivière !

Qu’il est vilain, mon oncle, de vouloir me priver de ma liberté pour me choisir mon état de vie ! Quelle odeur nauséabonde s’exhale de ces petites forêts, étendues le long de cette rivière ! Quelle tristesse dans cette conversation où il me faut ne parler que de Dieu, ou rire au récit de vieilles histoires de mon grand’père ! Grand Dieu ! s’écriait en lui-même Rogers, la mort dans l’âme, je me meurs de peine et de chagrin !

La lune témoin de nos premiers serments d’amour, sur les eaux du lac Témiscamingue, où est-elle, je ne la vois pas ! Où est donc ma Ninie !

Rogers, de retour au presbytère, après une veillée des plus tristes de sa vie, monta à sa chambre, après avoir passé une bonne demie-heure à prier avec le bon Curé, et là, se livra à de sérieuses méditations !

Le matin, son oreiller était toute mouilée, arrosé des larmes qu’il avait versées pendant la nuit ; ses joues étaient amaigries et ses yeux avaient perdu de leur éclat habituel ; Rogers était plus indécis que jamais ! Il pensait à sa vocation !

Il avait pensé à Ninie !

Il avait rêvé au lac Témiscamingue.