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Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/80

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amour vainqueur

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Il est vrai, Madame, que votre fils a une bonne éducation ; je l’ai toujours trouvé bien gentil ; il est venu rendre visite à ma fille et s’est toujours montré d’une amabilité rare : seulement, je ne veux pas le désapprécier à vos yeux, mais je ne saurais croire qu’il pense à la prêtrise, puisqu’il pense encore aux filles ! Il vient encore, cette semaine même d’écrire à ma fille ; c’est moi qui ai ouvert cette lettre recommandée qui venait de votre fils, en vacances, et tenez madame : la voici.

La mère de Rogers, reconnaissant l’écriture de son fils, faillit perdre connaissance, mais reprenant ses sens, elle trouva quelques paroles assez heureuses pour se tirer d’embarras, et expliquer que la décision de Rogers n’était pas faite, mais qu’il lui avait seulement laissé entrevoir ses penchants du côté ecclésiastique !

À peine était-elle de retour à son foyer, qu’elle écrivit à son fils, pour lui reprocher ce qu’elle appelait de l’inconstance et de la légèreté, et lui expliquer toute l’étendue des sacrifices que la famille avait faits pour lui, et en même temps cherchait à lui faire comprendre toute la grandeur de l’affront dont elle avait été l’objet, à son sujet, par son étourderie.

Pendant ce temps, Rogers, avait-il un moment libre, qu’il courait à chaque jour, et quelques fois, matin et soir, au bureau des postes, anxieux de savoir si Ninie répondrait à sa lettre ! Il osait espérer, car l’un de ses amis lui avait appris quelques jours passées qu’il avait rencontré Delle Ninie, à Haileybury.

Au lieu de recevoir une lettre de sa douce amie, il reçut cette lettre de sa mère !

Il n’en pouvait croire à ses yeux !

C’en était assez pour lui faire désirer son entrée au collège ! Déconcerté, découragé, démoralisé, Rogers languit à moitié mort, plutôt qu’il ne vécut, le reste des vacances ; sa santé en fut affectée et partit pour le collège avec au cœur, une plaie profonde, dans l’âme, des considérations sur sa liberté contrainte et un grand dégoût pour la vie où tout n’est qu’égoïsme, honneurs faux et mensongers et spéculations sur les bons !

Se dirigeant vers l’Assomption, vers le Collège, il s’arrêta à Joliette où tel que le lui avait écrit sa mère, il devait la ren-