Page:E. Daudet - Le Maréchal de Mac-Mahon, 1883.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le soldat, le maréchal de France dont les hauts faits étaient dans toutes les mémoires.

Avec un peu plus de sang-froid dans l’exercice du pouvoir, le maréchal eût été un chef de gouvernement incomparable. Mais il ne put se résoudre à n’être à la tête de l’État qu’un soliveau. En prenant possession du fauteuil présidentiel, il avait dit : « La confiance ne se décrète pas, mais mes actes seront de nature à la commander. » Ces paroles, maintes fois répétées sous des formes diverses, résument sa conduite et l’expliquent. Après les élections de 1876, il crut à un grand péril social, et, pour le conjurer, il fit le 16 mai. Au commencement de 1879, ce péril lui parut plus redoutable encore. Mais, cette fois, il n’y pouvait rien. Il se retira afin surtout de ne pas sanctionner de son adhésion des actes qu’il désapprouvait.

Pressé par l’opinion et engagé par son programme, le ministère Dufaure était entré dans la voie des révocations. C’en était fait du rêve favori du maréchal : la république sans les républicains. Les républicains triomphaient, et chaque jour leur part dans la distribution des places devenait plus large. Le maréchal voyait