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LIVRE XIV.

trophius une odeur fade de catacombes qu’aucun parfum ne pouvait dissimuler ; pour s’éloigner de la cour, il cherchait un prétexte ; la lassitude produite par les jeux fut celui qui s’offrit de lui-même.

Dans le même temps, l’assemblée des esprits des ruines se dispersa. Chaque roi regagna son royaume. Mais la fortune ne fut pas égale pour tous. Polictète, duc de Bithynie, le jour même où il rentrait dans ses États, fut pillé par une horde qui lui enleva sa couronne de genêts. Pandrasus, après avoir fait naufrage à Andros, erra dix ans sur les flots et trouva son royaume occupé par un serpent et un lion. Il parvint néanmoins à rentrer en possession de son empire, mais non sans avoir reçu un coup de griffe que l’on crut longtemps mortel et dont il ne fut jamais entièrement guéri. Quant aux autres Dynastes, ils regagnèrent, sans aventures, leurs États, où ils eurent seulement à essarter quelques broussailles.

Tels sont les faits que j’ai pu dérober à l’oubli dans l’histoire des dynasties tenues jusqu’ici pour imaginaires. Heureux si les faits n’eussent pas été trop rares ! Du moins j’y ai appliqué une méthode rigoureuse ; et si cette méthode, honneur de notre temps, n’a pas failli dans mes mains, je puis me flatter d’avoir élevé un monument qui bravera les morsures d’une science envieuse.