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III


L’électorat n’est pas un DROIT,c’est une FONCTION.


La Constitution de 1848 basée, comme ses devancières, sur les principes du contrat social, avait inscrit, entête de ses articles, la déclaration suivante :

« La souveraineté réside dans l’universalité des citoyens français. »

« Elle est inaliénable et imprescriptible. »

« Aucun individu, aucune fraction du peuple ne peut s’en attribuer l’exercice. »

C’était donner sans restriction et sans réserve la prépondérance politique à la majorité, sans savoir ce que serait cette majorité.

Déjà à cette époque, la Société positiviste, nouvellement fondée, intervint dans la question, et, en opposition avec la doctrine alors en vogue, soutint que l’électorat était non pas un droit mais une fonction, et que la direction politique de la France revenait légitimement à Paris.

Les débiles législateurs de 1848 n’eurent, pour cette proposition, qu’un sourire d’ironie méprisante. Ils voulaient bien se charger d’installer l’âge d’or; mais, si on retranchait, de la volonté générale, celle du plus infime idiot, ils ne répondaient plus de l’infaillibilité du peuple, ni de l’avenir de la République.