Page:EDMA - La psychanalyse, Le Livre de Poche, 1975.djvu/105

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4. Dans sa « Réponse au commentaire de Jean Hippolyte sur la Verneinung de Freud », Jacques Lacan s’élève contre la traduction habituelle du mot allemand Verwerfung par « Jugement qui rejette et qui choisit ». En proposant le mot « forclusion », il sous-entend qu’il le distingue de la dénégation (Verneinung) qui, elle, résulte d’un jugement. Jacques Lacan s’appuie sur la démonstration de Freud au sujet de la crainte de la castration et du rejet de sa représentation par « l’homme aux loups » : « Aucun jugement n’était par là porté sur la question de son existence, mais les choses se passaient comme si elle n’existait pas. » La forclusion consiste à ne pas symboliser ce qui aurait dû l’être (ici la castration) et à produire en échange des hallucinations pour faire diversion. Mais le mécanisme psychique se déroule sans que le sujet ait besoin de prendre une décision réfléchie.

5. L’expérience de la réalité d’un objet nécessite deux opérations simultanées : il doit être imaginé et symbolisé. Le manque de l’une de ces fonctions permet de comprendre le caractère particulier du « réel » psychotique. Chez le schizophrène, la fonction imaginaire est altérée et le sujet vit dans un monde symbolique qui devient progressivement purement abstrait et hermétique. Chez le délirant paranoïaque, la réalité est expérimentée sur un mode purement imaginaire. La perte de la fonction symbolique empêche la distance par rapport aux choses. La réalité devient image.

Voir aussi : L’Homme aux loups, Psychoses.