Page:EDMA - La psychanalyse, Le Livre de Poche, 1975.djvu/55

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rialisme le plus radical, comme une réalité physique d’ordre moléculaire. Les machines désirantes se trouvent unifiées sur le plan des techniques et des institutions, et forment, au niveau molaire (social), les machines sociales.

5. Le désir est un immense flux qui parcourt tout le champ social. Mais, de machine à machine, de niveau à niveau, il y a des coupures, des connexions, des afflux ou reflux, ou encore des codages, décodages, surcodages. Tout ce que les freudiens appellent refoulement, Œdipe, castration, etc., c’est la représentation imaginaire et pervertie du mouvement éternel du désir et de sa répression.

6. La psychanalyse dissimule, estiment Deleuze et Guattari, la cause du mal : la pression du molaire (c’est-à-dire du social) sur le moléculaire, le blocage du désir par les grandes machines techniques et institutionnelles. Ainsi opposent-ils à la psychanalyse, la schizo-analyse, dont la tâche est de libérer, de faire passer les flux du désir, de « franchir le mur qui nous sépare de la production désirante ». Le schizophrène n’est pas un malade. On le dit et on le rend malade parce qu’il échappe à toute référence œdipienne, familiale. Pour la schizo-analyse, il y a quasi-identification entre schizophrénie et révolution. À l’autre pôle, le paranoïaque désire la répression et aussi sa propre répression. Il s’identifie à l’ordre, à l’État, au capital.

Voir aussi : Paranoïa, Schizophrénie.