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Chapitre seizième

ON TOURNE.

Le soleil se couchait derrière les pics neigeux et empourprait le désert. Le mercure du thermomètre suspendu dans le patio descendait lentement et un vent frais soufflait sur l’étendue désolée.

— Une nourriture chaude est nécessaire, observa Chan. Si vous le permettez, je vais ouvrir des boîtes de conserves.

— Tout ce que vous voudrez, sauf l’arsenic.

Holley était parti depuis un moment et Bob Eden, assis près de la fenêtre, contemplait la vaste solitude. Il reste encore pas mal de place en Amérique, songeait-il. S’en doutent-ils tous ces gens qui, à cette heure, s’entassent dans les chemins de fer souterrains, cherchent des tables dans les bruyants restaurants, attendent debout au coin des rues le passage d’un tramway, et, fatigués, grimpent péniblement à leurs pigeonniers qu’ils appellent des foyers. Dans le désert, on a les coudées franches, on respire lentement. Mais un sentiment d’inquiétude vous trouble. L’homme prend conscience de sa petitesse ridicule dans le plan universel.

Chan entra, portant un plateau où s’entassaient les plats. Il posa sur la table deux assiettes fumantes de soupe.

— Daignez vous asseoir, dit-il. Le premier service a été vite prêt grâce à l’outil qui sert à ouvrir les boîtes de conserves.

— Cela me paraît appétissant, déclara Bob en s’asseyant à table. Chan, vous êtes un magicien.

Ils commencèrent à manger.

— Charlie, tout à l’heure j’ai découvert la cause de ce malaise moral que je ressens depuis mon arrivée dans ce pays.