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Page:Eckermann - Conversations de Goethe, t1, trad. Délerot.djvu/399

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quelle idée j’ai cherché à incarner dans mon Faust ! Comme si je le savais, comme si je pouvais le dire moi-même ! « Depuis le ciel, à travers le monde, jusqu’à l’enfer ; » Voilà une explication, s’il en faut une ; mais cela, ce n’est pas l’idée, c’est la marche de l’action. On voit le diable perdre son pari, on voit un homme qui sort d’égarements pénibles et se dirige peu à peu vers le mieux. On dit que le poëme raconte l’histoire du salut de Faust. C’est là une remarque juste, utile, et qui peut jeter souvent de la clarté sur l’œuvre ; mais ce n’est pas une idée qui puisse servir d’appui et à l’ensemble et à chaque scène détachée. Cela aurait été vraiment joli, si j’avais voulu rattacher à une seule idée, comme à un maigre fil traversant tout le poëme, les scènes si diverses, si riches de vie variée, que j’ai introduites dans Faust ! En général, ce n’était pas ma manière, comme poëte, de chercher à incarner une abstraction. Je recevais dans mon âme des impressions, impressions de mille espèces, physiques, vivantes, séduisantes, bigarrées, comme une imagination vive me les offrait ; je n’avais plus comme poëte qu’à donner à ces impressions, à ces images, une forme artistique, à les disposer en tableaux, à les faire apparaître en peintures vivantes, pour que, en m’écoutant ou en me lisant, on éprouvât les impressions que j’avais éprouvées moi-même. — Si je voulais exposer poétiquement une idée, alors j’écrivais de petites poésies, dans lesquelles pouvait dominer et se laisser facilement apercevoir une unité très-visible, comme par exemple

    de causer avec M. Ampère ; dans d’autres circonstances il partage davantage les opinions de ses compatriotes. Je renvoie simplement à ce qu’il a dit plus haut (pages 229l1 et 292l2) sur le sens que renferment W. Meister et Faust, sens réservé à certains initiés.

Liens dans notes :

l1. Page 229

l2. Page 292