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XIX

KLOCK-KLOCK.

Nous mîmes à peu près trois heures pour arriver au village ; il était à plus de trois milles dans l’intérieur des terres, et la route traversait une région raboteuse. Chemin faisant, le détachement de Too-wit (les cent dix sauvages des canots) se renforça d’instants en instants de petites troupes de six ou sept individus, qui, débouchant par différents coudes de la route, nous rejoignirent comme par hasard. Il y avait là comme un système, un tel parti pris, que je ne pus m’empêcher d’éprouver de la méfiance et que je fis part de mes appréhensions au capitaine Guy. Mais il était maintenant trop tard pour revenir sur nos pas, et nous convînmes que la meilleure manière de pourvoir à notre sûreté était de montrer la plus parfaite confiance dans la loyauté de Too-wit. Donc, nous poursuivîmes, ayant toujours un œil ouvert sur les manœuvres des sauvages, et ne leur permettant pas de diviser nos rangs par des poussées soudaines. Ayant ainsi traversé un ravin escarpé, nous parvînmes à un groupe d’habitations qu’on nous dit être le seul existant sur toute l’île. Comme nous arrivions en vue du village, le chef poussa un cri et répéta à plusieurs reprises le mot Klock-Klock, que nous supposâmes être le nom du village, ou peut-être le nom générique appliqué à tous les villages.

Les habitations étaient de l’espèce la plus misérable