Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/245

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sâmes dans la ravine et nous retournâmes à la cueillette. Pendant que nous nous occupions activement à les ramasser, un frémissement dans les buissons nous causa une vive alarme, et nous étions au moment de nous raser vers notre gîte, quand un gros oiseau noir du genre butor s’éleva lentement et pesamment des arbrisseaux. J’étais si surpris que je ne savais que faire ; mais Peters eut assez de présence d’esprit pour courir sus à l’oiseau, avant qu’il pût s’échapper, et pour l’empoigner par le cou. L’animal se débattait furieusement et poussait de si effroyables cris que nous fûmes au moment de le lâcher, craignant que le bruit ne donnât l’alarme à quelques-uns des sauvages qui pouvaient encore être en embuscade aux environs. À la fin cependant, un bon coup de bowie-knife le terrassa, et nous le traînâmes dans la ravine, en nous félicitant d’avoir, en tout cas, mis la main sur une provision de nourriture qui pouvait nous suffire pour une semaine.

Nous sortîmes de nouveau pour regarder autour de nous, et nous nous aventurâmes à une distance considérable sur la pente sud de la montagne, mais nous ne découvrîmes rien de plus à ajouter à nos provisions. Nous ramassâmes donc une bonne quantité de bois sec, et nous nous en revînmes, voyant une ou deux grandes bandes de naturels qui se dirigeaient vers leur village, tout chargés du butin du navire, et qui pouvaient, nous le craignions fort, nous apercevoir en passant au pied de la colline.

Nous appliquâmes immédiatement nos soins à rendre notre lieu de retraite aussi sûr que possible, et, dans ce