Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/108

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voudrait bien lui donner. Quand elle vit que les enfants se tiraient d’affaire avec adresse, elle les laissa seuls et retourna filer. Il passa ce jour-là beaucoup de voitures, et la recette fut très-fructueuse. Le soir venu, la petite fille apporta tous les sous dans le chapeau de son frère et les versa sur les genoux de la mère-grand. La vieille les remercia en souriant.

« Vous m’avez été utiles, leur dit-elle ; mon rouet a filé plus que de coutume, parce que je n’ai pas éprouvé de fatigue. Mais, ajouta-t-elle, Paul, mon garçon, qu’est-ce que tu as à la main ?

— Rien, rien ! je me suis pincé en mettant une pierre sous les roues d’une voiture, voilà tout. Cela ne me fait pas grand mal. Mais j’ai songé à quelque chose de fameux pour demain, et je ne me blesserai plus jamais, si vous êtes seulement assez bonne pour me donner le vieux manche à balai et le morceau de bois qui est dans un coin de la cheminée et ne vous sert à rien. J’en ferais bon usage, grand’maman, si vous vouliez me le permettre.

— Prends, cher enfant, prends, dit la vieille ; tu trouveras le manche à balai sous mon lit. »

Paul se mit aussitôt à l’œuvre. Il ajusta le bout du bâton dans le morceau de bois, comme s’il eût voulu faire un frottoir.

« Voyez, grand’maman, voyez ; avec cela je me