Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/115

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— Ah ! mon frère, je suis bien sûre qu’elle est honnêtement à nous. On nous l’a donnée, et grand’maman a dit que tout ce qu’on nous donnerait aujourd’hui nous appartiendrait.

— Mais qui nous l’a donnée, Annette ?

— Quelqu’un des voyageurs qui étaient dans la chaise de poste. Je ne sais pas qui ; mais je parierais que c’est la demoiselle qui m’a appelée.

— Non, dit Paul ; car, lorsqu’elle t’a appelée, elle t’a dit : « Voici un sou pour toi, petite ! » Par conséquent, si elle t’a donné une guinée, elle ne la fait que par méprise.

— Bien. Mais peut-être quelqu’un des autres voyageurs ne me l’a point donnée par méprise. Il y avait un monsieur qui lisait dans une voiture et une dame qui me considérait avec bonté. Le monsieur ayant cessé sa lecture, regarda comment tu arrêtais les roues ; il me demanda si c’était toi qui avais imaginé ce moyen. Je lui dis oui, et il mit sa main à sa poche, en tira un sou qu’il me donna sans regarder. Je suis sûre que la guinée vient de lui.

— C’est possible ; mais je n’en suis pas bien certain.

— Alors nous n’avons rien de mieux à faire que de demander à grand’maman ce qu’elle en pense. »

Paul trouva l’avis excellent, et il était trop sage