Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/123

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— Pour la poussière, miss, interrompit la marchande.

— Voulez-vous en acheter, papa ?

— Non, je ne puis me passer cette fantaisie. Il faut que je m’impose des privations, dit-il en riant, pour me punir de mon étourderie. Et comme j’ai perdu une guinée ce matin, je dois essayer de sauver douze sous ce soir.

— Ah ! oui, la guinée que vous avez jetée par mégarde dans le chapeau de la petite fille, lorsque la voiture gravissait le Mont-de-Craie. Maman, je trouve bien surprenant que la petite fille ne se soit pas aperçue que c’était une guinée, et qu’elle n’ait pas couru après la berline pour la rapporter. Il me semble que, si elle avait été honnête, elle n’aurait pas manqué de le faire.

— Miss ! madame ! monsieur ! fit la marchande, si je ne craignais d’être indiscrète, je répondrais un mot à cela… Il n’y a qu’un instant, un petit garçon et une petite fille sont venus demander un monsieur qui leur avait donné une guinée par mégarde. J’ai vu même le petit garçon remettre la guinée à un domestique qui prétendait que son maître lui avait recommandé de la prendre.

— Il y a une erreur ou une friponnerie dans tout ceci. Les enfants sont-ils partis ? Je veux les voir… Courez après eux.

— J’y vais moi-même, dit la marchande de pe-