Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/132

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vité et par son adresse à filer, ce qui lui valait le surnom de la meilleure fileuse de la paroisse ; mais les infirmités vinrent avec l’âge, elle tomba dangereusement malade et se vit obligé de donner son rouet à sa fille aînée, appelée Marie.

Marie était alors âgée de douze ans.

Un jour, Marie assise près du lit de sa mère, faisait tourner son rouet. Son petit frère et ses deux sœurs attisaient le feu pour faire cuire leur souper qui se composait comme d’habitude de lait et de pommes de terre.

« Que Dieu prenne pitié de ces jeunes créatures, » dit la veuve en se soulevant sur son lit, et en songeant à ce que deviendraient ses enfants quand elle ne serait plus.

Marie avait arrêté son rouet, de crainte de fatiguer sa mère.

« Tu ne files plus, Marie ? es-tu fatiguée ?

— Oh ! du tout, ma mère, je suis forte et bien portante.

— Comme moi jadis.

— Et comme vous le serez encore, ma mère ; lorsque votre santé reviendra.

— La santé ne me reviendra jamais, c’est une folie de l’espérer. Mais j’ai l’espérance que vous trouverez des amis, quelque âme charitable qui viendra à votre secours. Et si vous les trouvez, ma chère Marie, c’est que, quoique pauvre, j’ai été